Propositions pour le Ségur de la Santé d’ECOLIB

Les propositions seront discutées lors de la CRSA du 24/06/2020

Association des URPS de Bourgogne Franche Comté

 

20 Juin 2020 – SÉGUR DE LA SANTÉ – Propositions des URPS
de Bourgogne Franche-Comté

Le 25 mai 2020, le Premier Ministre et le Ministre des Solidarités et de la Santé ont donné le coup d’envoi du « Ségur de la santé », rappelant l’ambition de cette grande concertation avec les acteurs du système de santé de « tirer collectivement les leçons de l’épreuve traversée et faire le lien avec les orientations de Ma Santé 2022, pour bâtir les fondations d’un système de santé encore plus moderne, plus résiliant, plus innovant, plus souple et plus à l’écoute de ses professionnels, des usagers et des territoires, avec des solutions fortes et concrètes ».

Dans la lignée des orientations fixées par le Président de la République, les concertations du Ségur de la santé reposeront sur quatre piliers :

  1. Transformer les métiers et revaloriser ceux qui soignent ;
  2. Définir une nouvelle politique d’investissement et de financement au service des soins ;
  3. Simplifier radicalement les organisations et le quotidien des équipes ;
  4. Fédérer les acteurs de la santé dans les territoires au service des usagers.

Comme précisé dans le communiqué de presse du ministère du 25 mai 2020, ce coup d’envoi intervient deux mois jour pour jour après le discours de Mulhouse qui annonçait qu’ « à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital ».

 

En propos liminaires, les unions régionales des professionnels de santé (URPS) de Bourgogne Franche-Comté tiennent à rappeler le profond malaise ressenti par l’ensemble des professionnels médicaux et paramédicaux, quel que soit leur statut. S’agissant des professionnels de santé libéraux, ce malaise s’est vu renforcé par le ressenti de n’avoir été ni écoutés, ni entendus, ni soutenus.

Les URPS regrettent par ailleurs un calendrier précipité ; la crise épidémique qu’a dû affronter le pays n’est à ce jour pas achevée et chacun travaille encore à la récupération des retards de prise en charge et à la normalisation de son activité : il paraît donc prématuré de vouloir si rapidement effectuer un retour d’expérience (RETEX) à la hauteur des enjeux annoncés.

Bien plus, les URPS soulignent s’il en était besoin les difficultés et tensions extrêmes de l’offre de soins auxquelles sont confrontés professionnels et usagers dans nombre de territoires de notre région. Face à de tels enjeux, les réponses à construire ne peuvent relever du seul RETEX ; il convient de respecter les diagnostics antérieurs compléter des failles, carences, insuffisances que cette crise aura rendu évidentes. Les URPS rappellent également, encore une fois, l’importance de prendre en considération l’ensemble des professionnels porteurs de ces offres de soins territoriales.

Enfin, les URPS appellent à la plus grande vigilance quant à la cohérence indispensable entre les quatre piliers annoncés, gage de la robustesse et de la pérennité de l’édifice.

 

Les professionnels de santé du premier recours ont su, depuis déjà quelques années, mettre en place de nouveaux modes d’organisation autour du patient : du cercle de soins à la maison de santé pluri-professionnelle en passant par les équipes de soins primaires, les coopérations interprofessionnelles se sont vues consolidées, renforcées et constituent ce jour les points d’ancrage de l’offre de soins dans de nombreux bassins de vie.

Il existe encore de larges marges de progression s’agissant notamment, mais pas exclusivement, de la prévention (individuelle et collective), du lien avec les secteurs médico-sociaux et sociaux, de l’optimisation des parcours et particulièrement de l’accès à la médecine de deuxième recours. C’est là tout l’enjeu des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).

Les difficultés du maintien à domicile et du retour d’hospitalisation sont connues ; la crise épidémique les a mises en exergue. Les difficultés d’accès pour les médecins généralistes des professionnels de santé du premier recours aux résultats des tests diagnostiques de leurs patients, aux informations de suivi lors de la sortie d’hospitalisation, témoignent autant d’un renforcement des cloisons entre le secteur hospitalier le secteur ambulatoire que de l’absence de moyens efficaces, rapides et faciles d’usage de transmission d’information et de coordination. Intégrant l’ensemble des professionnels de santé de ville et d’établissement (privé, privé non lucratif, public) (MCO, SSR, ESM, social et médico-social), les CPTS en tant que communauté de professionnels de santé sont à même de porter les évolutions nécessaires et indispensables de l’offre de soins. C’est à cette condition de confiance en l’intelligence collective professionnelle qu’émergeront des solutions pérennes et responsables aux tensions de l’offre de soins territoriale, à même de faciliter les conditions d’exercice quotidien, de revaloriser l’estime de soi et du travail accompli des professionnels, de sécuriser les usagers du territoire, de renforcer l’attractivité de ce dernier pour les jeunes professionnels, de favoriser avec les instances régionales le développement d’outils de coordination adéquats et l’innovation.

La « transversalité » de certaines missions comme la prise en charge des soins non programmés (qui ne concerne pas exclusivement le premier recours) d’une part, l’exclusivité territoriale de chaque CPTS d’autre part, mais également la concentration géographique de l’offre de soins d’expertise et/ou la rareté de certaines ressources imposent d’envisager un niveau « supra CPTS ».

Ainsi, les membres de deux ou plus CPTS pourraient porter un projet (inter)territorial de santé définissant notamment :

 

  • les articulations entre les projets de santé des différentes communautés,

 

  • l’interopérabilité des outils de transmission d’information, d’échanges sécurisés et de coordination.

De la même façon, il est proposé la constitution d’un comité de liaison régional entre professionnels et les instances régionales de financement et pilotage ; ce comité regrouperait ainsi outre les unions régionales des professionnels de santé, l’agence régionale de santé, l’assurance-maladie, les représentants des commissions médicales d’établissement (public, privé, privé non lucratif), le conseil régional. Un élargissement aux représentants des départements et communes ou intercommunalités paraît également souhaitable alors qu’une telle évolution de l’offre de soins et de son organisation semble également dépendre et influer les politiques d’aménagement du territoire.

 

Les unions régionales des professionnels de santé de Bourgogne Franche-Comté invitent ainsi à un changement de paradigme pour privilégier une vision ascendante de l’offre de soins et de son évolution, porté par les professionnels de santé des territoires, les URPS les accompagnant et les représentant afin d’assurer la cohérence régionale et le lien avec les instances régionales au premier rang desquelles l’agence régionale de santé, l’assurance maladie et le groupement régional d’appui au développement de la e-santé.

 

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